Comment suis-je passé de débutant à producteur de musique ? Voici mon parcours !

Comment passe-t-on de passionné de musique à musicien, d’employé à chef d’entreprise ? Comment peut-on faire d’une passion un métier à part entière ? Il n’existe pas de recette miracle, mais je peux vous apporter mon témoignage. 

En parallèle de la refonte du site du Studio Wacked, je me suis lancé dans la création d’un blog et cet article vient l’inaugurer. J’en profite donc pour faire quelques présentations de rigueur, pour celles et ceux qui viennent d’atterrir ici et avec qui je n’ai pas encore eu la chance de travailler.

Je m’appelle Victor Lecoeur et je suis producteur de musique. J’ai fondé Studio Wacked il y a quelques années. Mon studio se trouve dans le 4e arrondissement de Paris. Quand j’ai visité le local pour la première fois, tout était à faire. Mais je savais que c’était ici, et nulle part ailleurs. J’ai également su qu’un travail titanesque m’attendait pour transformer cet environnement en studio à part entière. Aujourd’hui, ces lieux prennent la forme qui leur était destinée. C’est mon coin de repli où je compose, arrange, réalise de la musique et m’occupe de la direction artistique des projets dont on me donne la responsabilité. Tout ça parmi plein d’autres choses.

Crédit photo : Lucas Martin pour Studio Wacked

Je ne fais pas partie de ces personnes dont le parcours va de soi.

Entre la musique, l’entrepreneuriat et moi, c’est une belle et longue histoire. Et comme chaque histoire, elle comporte aussi sa part de complexité. À vrai dire, je ne fais pas partie de ces personnes dont le parcours va de soi. Le mien ne fut jamais tracé. La musique en tant que professionnel n’a pas toujours été une évidence pour moi, mais elle l’est devenue avec le temps, à un moment de ma vie où je me suis cherché puis trouvé à coups de prises de conscience, de vérités, d’opportunités, de rencontres aussi.

On me dit que j’ai eu plusieurs vies mais je n’y crois pas vraiment. Disons que j’ai saisi l’occasion de me tourner vers ces choses que j’aimais et que j’ai saisi quelques opportunités sans trop savoir où tout cela allait me mener. Mon envie était d’aller au bout de ces expériences pour voir ce qu’elles pouvaient m’apporter et je n’ai pas été déçu.

Comme je le disais, la musique n’a pas toujours été la voie que je pensais emprunter. D’ailleurs, la musique, ça m’a pris sur le tard, vers l’adolescence. À l’époque, je volais les CDs de musique instrumentale de mon beau-père et je jouais avec une vieille guitare que je venais de récupérer à laquelle il manquait des cordes, mais l’intention y était. Passé quelques mois, je me suis retrouvé avec ma première guitare électrique entre les mains.

À partir de cet instant, je ne me suis plus jamais arrêté de jouer. La musique prenait de plus en plus de place dans mon quotidien et s’était naturellement imbriquée dans ma vie sans que je m’en aperçoive vraiment. Elle n’a pas frappé à ma porte, elle s’est juste installée pour ne plus jamais partir de chez moi. À un tel point qu’elle est devenue, au-delà d’une passion, ce qui me permet de gagner ma vie aujourd’hui. Mais comment pouvais-je le savoir à l’époque ?

Avant Studio Wacked, j’ai travaillé pendant 8 ans dans la pétrochimie. Cette expérience, je l’ai appréciée parce qu’elle m’a permis de gagner une certaine rigueur dans mon travail actuel. Il y a aussi ce moment où j’ai travaillé dans la médecine esthétique. Et puis comme beaucoup de monde, j’ai aussi fait quelques petits jobs.

Une partie de mes studios. Crédit photo : Lucas Martin pour Studio Wacked

Un jour, on m’appelle et on me demande de réaliser un album. Je n’avais jamais fait ça de ma vie.

Puis un jour, j’ai tout perdu, sur tous les plans. Ça arrive, mais on ne s’attend jamais à ces électrochocs du hasard. À cette époque cruciale de ma vie, je me suis retrouvé, de façon très imagée, à la croisée des chemins. Il fallait que j’agisse. Après quelque temps à essayer de recoller les morceaux de ce que j’avais laissé échapper de moi-même, j’ai créé ma boîte de conseil en image où je m’occupais de boîtes de productions, de pièces de théâtre… Et j’étais, encore et toujours, guitariste en parallèle.

Un jour, suite à une annonce que j’ai laissée, un homme m’appelle et me demande de lui réaliser son album. Un album entier. Sur le coup, je n’y crois pas. Et puis surtout, je n’ai jamais réalisé d’album de ma vie. Dans l’excitation du moment, je m’empresse d’accepter. Je ne comprends l’importance de cet instant que bien après, mais l’instinct m’a poussé à avancer.

Ce premier projet a été un réel coup de boost. C’est à ce moment précis que je commence à me former tout seul de mon côté, notamment aux logiciels de musique assistée par ordinateur (MAO). Par la suite, je me décide d’investir dans du matériel et de me lancer dans la production musicale avec une autre personne. Ça dure un an et demi. Malheureusement, mon associé finit par tomber malade et je me retrouve seul à gérer la boîte. La plongée dans l’inconnu est totale, mais j’essaie et je vois. La suite, on la connaît. Et aujourd’hui, Il y a de grandes chances que la marque devienne encore plus importante.

Mais je n’ai pas emprunté la voie la plus simple. Je suis également chef d’entreprise. Ce qui signifie donc que je m’occupe aussi de la comptabilité, du budget, de la partie marketing. Je dois aussi gérer la logistique, penser à la stratégie à adopter, aux rapports avec ma clientèle. Sans parler de toute la veille technique et créative que je dois faire. Ça fait beaucoup de choses, mais je dois admettre que cela correspond avec la personne que j’ai toujours été.

Dans la vie, il y a les bonnes rencontres, les évidences. C’est presque ésotérique, ça ne s’explique pas.

Si j’en suis là aujourd’hui, c’est sans doute grâce à ce moment charnière de ma vie, où je me suis retrouvé sans rien et où j’ai dû me remettre en question, et reconstruire ma vie. Ça peut sembler complètement bateau d’écrire que je suis parti de rien, alors je vais simplement dire que j’ai repris les rennes à partir de ce qui restait, ce que j’avais appris. Je suis allé au-delà de ma réserve et j’ai essayé de creuser un peu. Je suis passé du rêveur instinctif, d’une boule de nerfs à une personne plus posée, tournée vers ses responsabilités. Ça n’a pas été simple, mais on peut dire que ça s’est bien terminé.

Mon parcours n’est pas une success story au sens traditionnel, je ne me suis pas réveillé un matin en me disant « ça y est, je suis prêt à accueillir le succès ». Il comporte des passages à vide et des moments de doute et c’est ce qui je pense m’a le plus appris aujourd’hui. J’ai dû me constituer un portefeuille de clients et travailler de mon côté. Je n’ai jamais suivi un chemin défini, un vecteur normal.

Et puis, ces chemins qui ont été pris ont aussi été ponctués par des rencontres. Pour moi, la bonne rencontre existe, c’est quelque chose de presque ésotérique : il y a le timing et l’évidence. Ça ne s’explique pas vraiment, vous le savez quand ça arrive. C’est un gut feeling, un sentiment instinctif. Comme quand j’ai fait le choix de faire de ce métier-là mon métier. Comme quand j’ai fait le choix de prendre ces studios-là, alors qu’il y avait une masse monstrueuse de travaux à faire. J’ai senti le truc, le potentiel, les possibilités.

L’entrée de Studio Wacked. Crédit photo : Lucas Martin pour Studio Wacked

Avec la musique, le temps file entre nos doigts. On ne l’entend pas passer.

Concernant la musique, à l’heure actuelle, mon rapport avec celle-ci est différent. Je ne la perçois plus uniquement depuis la perspective d’un auditeur, mais désormais depuis celle d’un artisan. Je pense que les musiciens sauront de quoi je parle. Je la décortique et j’en vois des possibilités créatives. Elle est mon inspiration et elle est cet outil qui donne vie à mes projets et à ceux des autres.

Quand je produis de la musique, ce que j’apprécie par-dessus tout, c’est le temps qui passe et qui file entre mes doigts sans que je le subisse. Tout est intense, tout va vite. Les sessions d’enregistrement prennent de l’énergie, bien sûr, mais ce n’est que pour le meilleur. Ces 5, 6, 7, 8 heures de ma vie passent à une vitesse incroyable et j’en sors fatigué, mais régénéré. Je sais qu’il reste une montagne de choses à faire ensuite et que je vais devoir cravacher, mais le moment passé en studio est hors du temps. Je ne me dis pas « tiens, bientôt le week-end, j’ai hâte ». Car mon travail est une sorte d’extension de ce que je suis.

Au studio, les gens reviennent souvent. Je m’adapte aux besoins de chaque personne qui y rentre, car je suis convaincu que chaque expérience est différente. C’est un trait que je trouve aussi dans les genres sur lesquels je travaille, ces mêmes genres que j’écoute en tant qu’auditeur. Il n’existe pas en réalité de style musical qui n’attire pas mon attention. La beauté et la surprise sont partout, il y a forcément quelque chose qui retiendra mon attention dans les dernières sorties. J’aime la pop, la chanson française, l’électro, la techno, le rock, et j’aime découvrir d’autres horizons chaque jour.

J’ai un tout nouveau projet sur Twitch en tant que streamer musical.

Très bientôt, je me lance dans l’expérience du stream sur la plateforme Twitch. Non, je ne ferai pas des lives sur des jeux vidéo, du moins ce n’est pas au programme pour le moment. En fait, j’ai simplement envie de faire découvrir une partie de moi et de mon travail à d’autres personnes. Je suis un petit artisan qui fait de la musique, et à mon échelle, je pense pouvoir transmettre des choses dans une ambiance sympa. J’ai envie de vous montrer tout ce que j’ai appris, mais aussi toutes les erreurs que j’ai pu faire lors de mon parcours, car il n’existe pas de parcours sans erreurs. Mes techniques sont propres à moi-même, bien sûr, et je pense que chaque personne qui fait de la musique possède les siennes. Mon cheminement est très personnel, très subjectif en tant qu’indépendant.

Ma clientèle est en marge des grands majors traditionnels et j’avais envie de vous partager ce prisme-là de la création musicale également. Je pense que cette aventure me donnera aussi la possibilité d’expérimenter autre chose, ce sera en quelque sorte une mise en abyme de mon travail.

J’y amènerai une réflexion sur la façon d’aborder chaque étape d’un projet musical. Je répondrai à vos questions, vous montrerai concrètement les différentes étapes de l’évolution d’un projet, et ça peut aussi me permettre de lancer de nouveaux talents car des clients veulent bien se joindre à l’aventure, notamment pour des prises de voix. Je vais aussi reprendre d’anciens projets pour les décortiquer, expliquer mes choix artistiques et techniques et y apporter des modifications. Et bien sûr, vous lire et échanger avec vous.