On dit beaucoup de choses au sujet des métiers de la musique. On raconte que pour évoluer dans ce milieu, c’est compliqué. On raconte aussi qu’il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus. On raconte que les métiers artistiques sont difficilement accessibles. On vous dira tout… Tout et son contraire.
Où se trouve la vérité ? Je ne sais pas quoi vous répondre, car il n’existe pas réellement de solution miracle ou de règle prédéfinie. Dans bien des domaines, d’ailleurs, les choses ne sont pas si évidentes que ça. Oui, la question mérite d’être posée. Et oui, j’imagine aussi que de nombreuses personnes se sont déjà essayées à l’exercice du conseil. Chacun aura son propre point de vue, son propre retour d’expérience à vous faire.
Et c’est pour cette raison que je souhaite vous rapporter le mien ici.
Cela fait quelques années que je me suis lancé dans la création musicale. J’ai d’ailleurs raconté mon parcours dans la musique en me présentant ici. Après tout ce temps fait d’apprentissages, de bonnes surprises, parfois d’échecs, j’ai pu en dégager quelques enseignements que j’ai envie de vous transmettre à mon tour.
Oui, définitivement, “c’est en forgeant que l’on devient forgeron”. Cette phrase est un peu cliché oui, mais c’est un cliché criant de vérité. Il n’y a pas de surprise, pas de recette magique pour y arriver : vous devez travailler. Et quand je dis que vous devez bosser, c’est avec régularité, constance, énergie, entêtement. Chaque jour, chaque soir, prenez le temps de vous familiariser avec un instrument, un outil. Explorez les possibilités, acharnez-vous sur ce morceau que vous travaillez et retravaillez sans cesse.
Ce n’est pas toujours simple, parfois décourageant quand on a du mal à passer à l’étape suivante. Mais il est nécessaire de faire preuve de rigueur, car votre technicité est indispensable pour la suite de votre parcours.
Plus jeune, quand j’ai reçu ma première guitare à Noël, j’ai passé une quantité incroyable de temps auprès d’elle pour apprendre à la manipuler et exploiter son potentiel. C’était une guitare premier prix, mais on commence tous quelque part. C’est ainsi que l’acte de jouer est devenu familier pour moi petit à petit.
Et si vous vous interrogez sur la nécessité de maîtriser le solfège dans un premier temps, sachez que cela n’est pas indispensable pour faire de vous un bon musicien. Je pourrais vous citer une tonne d’artistes reconnus qui n’ont aucune notion de solfège et qui ont tout appris à l’oreille, en autodidacte.
D’ailleurs, il n’est pas non plus nécessaire de commencer la guitare à l’âge de 3 ans comme vous le diront certains. Il existe un milliard de tutoriels sur YouTube très instructifs et bien construits qui vous aideront à avancer peu importe votre niveau et votre âge. J’ai moi-même commencé à jouer à 18 ans. Je n’avais pas accès à toutes ces ressources à l’époque, et j’ai quand même réussi à m’accrocher en travaillant pendant mon temps libre. Il n’est jamais trop tard pour commencer, apprendre et développer un bon niveau. Alors foncez et prenez votre temps pour développer tout ça. Avec des facilités ou pas, vous pouvez y arriver avec la motivation nécessaire. Et quand vous êtes passionné, ça fait toute la différence…
De mon point de vue, une personne qui travaille dans le milieu de la musique se doit de posséder une qualité qui me semble indispensable : la curiosité. L’ouverture d’esprit. Ce petit truc qui lui donne l’impulsion d’explorer, de chiner, de se renouveler aussi.
Le métier de producteur et même de musicien dans son sens le plus large ne nous permet pas de rester sur nos acquis. L’exploration fait partie intégrante de ma routine. Je dois apprendre de nouvelles choses pour comprendre mon domaine et tout est très vaste, on peut s’y perdre. Mais même si on se perd parfois, il est nécessaire de pratiquer cette veille quotidienne de l’actualité musicale. C’est autant valable pour la partie technique que pour la partie artistique, d’ailleurs.
Je me tiens au courant des dernières sorties de potentiels outils dans lesquels je pourrais investir pour mes studios. Puis, je m’ouvre aussi à l’exploration musicale, j’écoute les artistes qui se démarquent dans le paysage musical français et international, peu importe le genre, peu importe l’univers.
En fait, c’est quelque chose que je fais assez naturellement, c’est devenu un automatisme. Si vous êtes passionné, ce sera relativement simple pour vous, peut-être que vous le faites déjà sans même vous en rendre compte. Lire, jeter un oeil sur les reviews vidéo, guetter les nouvelles sorties d’albums, explorer un genre musical jusqu’ici méconnu, partir à la rencontre de nouvelles sonorités, audacieuses, parfois brillantes… Le monde musical est grand, vous avez de quoi faire et de quoi vous émerveiller pour longtemps.
Et puis, s’ouvrir aux expériences nouvelles en règle générale peut vous ouvrir à d’autres horizons. Par exemple, je me suis récemment lancé dans le stream sur la plateforme Twitch pour vous partager mes aventures musicales. Jusqu’à présent, je n’y connaissais pas grand chose, mais j’avais envie de relever un nouveau défi dans ma vie.
Dans les métiers créatifs, il y a une chose qu’on intègre assez vite, surtout quand on tient à son indépendance : il faut s’attendre à endosser plusieurs rôles en plus de la tâche initiale. Et donc être une personne qui détient plusieurs responsabilités. J’ai déjà évoqué ces dernières dans mon premier article de présentation : comme je suis producteur indépendant, je dois gérer une foule de choses.
La création musicale et toutes les tâches relatives à celle-ci, bien entendu. Mais aussi la logistique, l’achat de mon matériel, de quoi faire de mon studio un lieu accueillant. Je dois aussi faire ma comptabilité et gérer mon budget. Je dois gérer mon planning, soigner la relation clients, honorer mes rendez-vous, gérer la partie marketing du projet. Et j’en passe… J’aime beaucoup mon travail, je ne compte pas mes heures, mais c’est un travail à temps plein, ce qui signifie que je m’occupe de ce projet sept jours sur sept. Et puis avec tout ça, il faut penser à réaliser sa veille musicale quotidienne et songer à l’apprentissage de nouveaux outils bien utiles qui émergent.
Si vous voulez vous lancer dans la production musicale, je vous recommande aussi de vous diversifier autant que vous le pouvez. Votre technique musicale est aussi importante que votre regard artistique que vous devez peaufiner, car une oreille se travaille, c’est indispensable pour toute la partie relative à la direction artistique. Vous devez aussi comprendre quelle est l’utilité d’un outil en particulier et savoir le réutiliser dans un projet. Vous devez aussi comprendre comment se construit un morceau, comment faire de la prise de son, comment faire mixage, comment faire un mastering. Se diversifier, c’est mettre toutes les chances de son côté pour construire un projet béton. Tout ce que je vous énumère n’a aucunement pour but de vous effrayer, bien entendu, mais de vous rendre compte que la production musicale est un projet ambitieux et qu’il demandera et qu’un tas d’options peuvent être possibles.
Je vous rassure, tout ne s’apprend pas en cinq minutes, ça se retient avec le temps, et certaines choses s’intègrent sur le tas. Cela rejoint beaucoup ce que je disais dans le point précédent : il est important d’avoir une certaine curiosité pour avoir l’impulsion de vous lancer.
Dans la musique, comme pour tout, la discipline est suffisamment vaste pour apprendre des tonnes de choses et ce chaque jour de votre vie. Oui, je suis un professionnel et j’ai les connaissances nécessaires pour vous accompagner toute au long de votre projet musical. Mais il serait très prétentieux de vous dire que je sais tout sur tout, que je suis incollable dans chaque domaine et sous-domaine. Dans la musique, comme dans tout art en général, il est impossible d’être au courant de tout ce qui se passe tant l’univers est foisonnant. D’autant plus que tout va très vite.
Dites-vous que les plus grands virtuoses de ce monde sont excellents dans leurs spécialités, et moins dans d’autres. Il faut donc intégrer l’idée que vous ne pourrez jamais être le meilleur dans tous les domaines, même si j’en conviens, l’idée de détenir tous les savoirs du monde est plutôt séduisante !
Plus sérieusement, admettre que l’on ne peut pas tout savoir, c’est aussi une façon comme une autre d’apprendre à se remettre en question. Par exemple, je ne suis pas un spécialiste en beatmaking (composition d’instrumentaux rap, hip-hop et RnB, N.D.L.R.), bien que cette branche soit passionnante. Mais ce n’est pas grave, il existe de très bons beatmakers qui feront un travail exceptionnel à vos côtés si c’est ce que vous recherchez dans votre projet musical.
Avant d’avoir ouvert mes studios de musique à Paris, je suis passé par de nombreuses phases dans ma vie. Un jour, j’ai tout perdu, sur tous les plans. Je me suis retrouvé sans rien, faisant face à un avenir plutôt incertain. C’est effrayant, je ne vous le cache pas.
J’ai tour à tour travaillé dans la biochimie, dans la médecin esthétique, j’ai ouvert une boîte de conseil en image, j’ai aussi été livreur de pizzas à une époque. Bref, je me cherchais et les choses ne sont pas venues d’elles-mêmes, j’ai dû prendre le temps pour moi et réfléchir à ce que je voulais vraiment.
Même si toutes ces épreuves n’ont pas été faciles et que j’ai dû m’accrocher, avec du recul, elles m’ont permis d’en arriver là où je suis aujourd’hui et surtout d’être celui que je suis.
Je me suis retrouvé au chômage pendant une assez longue période. Cette phase m’a permis de conscientiser ce qui m’était arrivé, mais aussi de trouver un sens à ma vie. C’est pendant cette période de repli pénible moralement que j’ai trouvé l’idée, le projet. Je me suis lancé sans trop savoir où j’allais et me suis adapté à certaines situations.
Tout ça pour vous dire que non, aucun parcours n’est linéaire. Le vôtre non plus ne le sera pas forcément et ce n’est pas grave. Il existe une place pour vous quelque part, et vous pouvez rebondir pas à pas, doucement mais sûrement. Un échec n’est jamais définitif. D’ailleurs, rien n’est tout à fait définitif.
Et vos échecs sont aussi des sources inépuisables d’enseignements.
Une simple rencontre peut changer le cours de votre vie, ça j’en suis convaincu. C’est quelque chose de presque ésotérique, comme un forme évidence, en fait. Souvent, les choses et les autres viennent à vous et vous savez que devez développer cette relation, qu’elle soit d’ordre amicale, professionnelle, symbolique.
Dans ma vie, j’ai fait plusieurs rencontres importantes, et le plus souvent, elles sont dues au hasard.
Je dois beaucoup à ma rencontre avec ma vieille guitare abîmée qui m’a donné envie de jouer jusqu’à en avoir les doigts qui saignent (oui, cette anecdote est vraie).
Puis, celle que j’ai faite avec cette personne qui a insisté pour que réalise son album de A à Z, alors que je n’avais encore jamais fait ça auparavant. Mais cette personne a eu envie de me faire confiance.
Mes rencontres avec certains artistes ont aussi eu un impact positif. Mes projets avec mes anciens associés ont aussi été très importants pour l’évolution de ma vie professionnelle.
Je suis convaincu que ces circonstances-là qui s’offrent à nous sont riches de sens et qu’elles peuvent nous guider tout au long de notre chemin. Alors je vous le dis encore une fois : n’ayez pas peur, laissez les rencontres venir à vous, ou si vous ressentez que cette personne peut vou apporter professionnellement, humainement… allez vers elle. Laissez la magie opérer. Vous pouvez être surpris, et si l’intuition n’était pas bonne, vous n’avez jamais rien à perdre.